Artiste «polymorphe», à la fois chercheur et technicien, Al Martin, connu pour être un inventeur de procédés inattendus en peinture, est avant tout un dessinateur hors pair. Virtuose figuratif, comme en témoignent son gant de boxe prêt à vous sauter au visage ou sa botte au cuir presque palpable, il ne se laisse pas prendre au piège de la virtuosité, s’égarant avec délectation dans les volutes de l’abstraction où, au crayon et à l’acrylique, les lignes et les couleurs se jouent et se déjouent, s’affrontent et s’unissent pour donner naissance à un univers onirique où la rêverie poétique le dispute à l’humour: ici, des tourbillons de traits virevoltant restituent le vol de 1001 perroquets, là des bancs de poissons multicolores s’agitent au cœur d’une gigantesque méduse constituée de perles, plus loin un assemblage vertigineux d’une multitude de «tuiles» de couleurs forme un lapin taquin. Comme le résume parfaitement son complice et ami Philippe Cyroulnik: «Il fait de presque rien un monument, de trois sous une voie lactée, d’une tache un continent», invitant son spectateur à une rêverie infinie sur le monde qui l’entoure.
Al Martin est né en 1949 à Clichy. Il découvre sa vocation de peintre à l’âge de vingt-quatre ans, le jour de la mort de Picasso. Son œuvre, questionnant les thèmes de la trace, de la mémoire, du temps qui passe, occupe une place particulière dans l’art contemporain. Artiste «polymorphe», à la fois chercheur et technicien, Al Martin est l’inventeur de procédés inédits tels que ses «peintures inversées», dans lesquelles il fait surgir des formes de couches d’acryliques minutieusement poncées, ses «thuilages» constitués d’une multitude de tuiles de peintures multicolores assemblées à l’aide d’un fin couteau à peindre, ou encore ses «poussières de peintures», obtenues après le raclage patient de la peinture séchée sur l’ensemble de ses outils. À la fois d’inspiration totalement libre et finement élaborées, ces peintures happent l’œil autant qu’elles stimulent l’imaginaire, emmenant le spectateur dans un voyage ébouriffant à travers les couleurs et les formes, où la poésie le dispute à l’humour. Ses œuvres, régulièrement exposées en France et à l’étranger, ont été acquises par des institutions comme le musée d’Art Moderne de la ville de Paris, le musée d’Art Moderne de Saint-Etienne, le FRAC Auvergne et le musée de Mönchengladbach (Allemagne).