Après Saul Steinberg et quelques autres, Jean-Jacques Sempé a hissé le dessin dit d'humour au rang de grand art: ses oeuvres sont exposées dans les galeries du monde entier et publiées dans de somptueux albums. Mais comment l'auteur de Un peu de Paris dessine-t-il? Comment surgissent ses idées? Longtemps, il a tenu ses carnets, sinon secrets, du moins à l'abri des curieux. Publiés ici pour la première fois, ils constituent un témoignage inestimable de sa recherche, de son inspiration. On y découvre toute la grâce de sa spontanéité, toute la force de son expression. Des têtes, des corps, des décors, des objets familiers... À peine une esquisse d'un trait délicat au crayon ou à la plume, et tout est là. Nous sommes devant ce que le dessin a de plus fragile, de plus suggestif aussi. Rien ne semble dit, mais tout est dit, et nous laisse dans un état de rêverie absolu. Deux cents dessins noir et blanc lèvent le voile sur les secrets de fabrication de l'un des plus grands dessinateurs de notre temps.
Jean-Jacques Sempé, dit Sempé, est né en 1932 à Pessac, près de Bordeaux, dans un milieu modeste. Grand lecteur mais peu doué pour les études, il quitte l'école à quatorze ans. Ds 1950, il réussit à publier des dessins humoristiques dans quelques journaux. En 1954, il fait une rencontre décisive, celle de René Goscinny, avec lequel il se lie d'amitié et collabore à l'hebdomadaire belge Le Moustique. Deux ans plus tard, il collabore régulirement à Paris Match avec ses amis Chaval et Bosc, puis à Pilote, Punch et Esquire. Entre 1960 et 1964 paraissent les cinq albums du Petit Nicolas, qui lui ouvrent les portes de la célébrité. Il devient le collaborateur régulier de L'Express, du Figaro, du Nouvel Observateur et de Télérama. En 1978, il réalise sa première couverture pour le New Yorker>; une centaine d'autres suivront. Jusqu'en 2010, il a publié près de quarante albums emplis d'un humour tendre et lucide, où, dans un fourmillement de détails, l'homme, infiniment petit, se heurte à l'immensité de son environnement et aux mille et une absurdités de son quotidien. Sa mort, survenue le 11 août 2022, a privé le dessin contemporain de l'un de ses plus grands représentants.
